Présentation

Malgré leurs apparences homogènes les lichens sont des êtres vivants résultant de l’association de deux organismes issus de règnes différents (algues, champignons, bactéries).

Ces deux organismes sont :

  • d’une part, un champignon ou mycète, dénommé au sein du lichen, mycosymbiote ou mycobionte, dépourvu de chlorophylle (hétérotrophe) et qui assure la reproduction sexuée (par des spores) ;
  • d’autre part, une algue, dénommée photosymbiote ou photobionte, possédant de la chlorophylle (autotrophe), et qui ne peut se reproduire que par fragmentation (reproduction végétative).

Le mycobionte est le plus souvent un Ascomycète (→ Ascolichen), mais dans 2 % des cas, ce peut être un Basidiomycète (→ Basidiolichen)

Le photobionte est dans 85% des cas une algue verte (Chlorophycées) et dans 10 % des cas une « algue bleue » (Cyanobactéries). Dans 5% des cas les deux types de photobionte sont associés au mycobionte dans une association à trois partenaires.

Teloschistes chrysophtalmus Ph. C. Vermeulen

Dans la classification des êtres vivants, les lichens sont maintenant classés dans le règne des Champignons, et désignés par le terme de champignons lichénisés. Rarement étudiés par les mycologues, ils font l’objet d’une science à part entière, la lichénologie.

L’association des deux partenaires, appelée symbiose, permet à chaque constituant de vivre dans des conditions extrêmes qu’il ne pourrait affronter seul. Supportant des périodes de sécheresse prolongées, les lichens vont constituer avec les mousses (Bryophytes) la première végétation pionnière des sols nus. De ce fait, on rencontre des lichens sur la terre, les rochers, les murs, les toits des maisons, l’écorce des arbres, les feuilles, et dans les endroits les plus insolites. Les lichens colonisent toutes les régions du globe, de l’équateur aux pôles, du niveau de la mer (même sous l’eau) jusque sur les sommets les plus hauts (Xanthoria elegans, trouvé à plus de 7000m. d’altitude, dans l’Himalaya).

L’appareil végétatif des lichens se présente sous l’aspect d’un thalle qui peut revêtir une grande multitude de forme, désignée par un vocabulaire approprié. On décrit ainsi des thalles foliacés, fruticuleux, crustacés, granuleux, lépreux, verruqueux, squamuleux, gélatineux, etc.

Thalle foliacé de Pleurosticta acetabulum Ph. J. Vermeulen

Les lichens représentent un groupe important de plus de 20 000 espèces.

On considère que 8 % de la surface du globe est recouverte d’une végétation lichénique.

Très utilisés autrefois par l’économie comme « plantes » tinctoriales, comme fourrage pour les animaux (Cladonia rangiferina est la nourriture essentielle des rennes dans le grand nord), ou dans certains médicaments, les lichens ne sont plus guère exploités aujourd’hui. Cependant, environ 9000 tonnes d’Evernia prunastri et de Pseudervernia furfuracea sont encore récoltées chaque année pour l’industrie de la parfumerie.

La grande utilisation des lichens est actuellement orientée vers l’étude de la pollution atmosphérique par leur propriété d’être très sensibles à la concentration de l’air en certains gaz toxiques. Certains d’entre d’eux, comme les Lobaria, très sensibles à la pollution et à la dégradation des milieux forestiers, sont utilisés comme indicateurs de la continuité écologique forestière.